GIRL : ETRE UNE FILLE

affiche du film Girl de Lukas Dhont

Être une fille.
Dans une école de danse belge, Lara danse en justaucorps bleu jonchée sur des pointes qui brûlent ses pieds déjà trop âgés. Tour, Attitude, Relevé, Tombé, Pas de bourré. La gorge serrée, elle persévère sur les notes de Valentin Hadjadj et sur la chorégraphie de Sidi Larbi Chrekaoui. La douleur physique s'entrelace à la douleur mentale.

Être une fille.
Avoir un corps de fille. Avoir des seins. Avoir un vagin. Face au miroir les larmes coulent une à une. Son corps lui est étranger malgré sa formation quotidienne à une danse au postures complexes et non naturelles.

Être une fille.
Se sentir soi même. S'aimer et être aimée. L'amour est en veille. Dureté. Son corps se vide, elle transpire, ne mange plus.

Avec des images floues et nettes, des jeux de mises au point et des cadrages rapprochés, le réalisateur Lukas Dhont crée une empathie émotionnelle puissante. Le jeu d'acteur juste dévoile les supplices d'un corps étranger, d'un corps à apprécier, d'un corps à métamorphoser et d'un corps à dresser. La souffrance du corps de la danseuse heurte, accentué par un milieu tolérant, il n'est qu'un à un corps d'un autre genre. Toute discrimination ou problème extérieur est évacué. Cette douleur interne et corporelle traite ainsi du transgenre de manière brute et profonde.