MON PORTRAIT CHINOIS DE CLAIRE TABOURET

CLAIRE TABOURET 

Claire Tabouret, The Blue Pyramid, 2017

Si elle était un poème elle serait :

Tour à tour leur visage mélancolique te regarde
Leurs costumes et les traits enfantins de leur visage te racontent une histoire
Elles sont placées les unes près des autres telle une photo de famille.

Les cheveux des jeunes filles dégringolent sur leurs épaules
L'une à la tête penché vers la droite, l'autre à le genou plié
Ensembles elles viennent du passé.

La photo est déposée parmi d'autres sur le matelas usé
Leurs coins sont pliés, les couleurs sont sales
Une tache de couleur masque leurs mains pâles.

Claude Monet, Les Nymphéas, les nuages, 1914 - 1926

Si elle était un peinture, elle serait Les Nymphéas de Monet. Ce sont ces toiles exposées à L'Orangerie, à Paris qui lui données dès son plus jeune âge l'envie de peindre. 

 " Il prenait racine, il prenait place et donc forme" Claire Tabouret, Visite d'Atelier, magazine Beaux Arts, , p99 
Si elle était une personne, elle serait un immigré. Sur les quais, elle a vu cet homme immigré, sûr de lui, sûr d'avoir une place sur cette terre. Cette force et puissance que dégageait cet homme ont inspiré ses toiles et l'assurance des hommes et femmes qu'elle peint.

Claire Tabouret, Sitting, 2016

"Si je devais trouver une dénomination à mes couleurs, je les qualifierais de couleurs sourdes, un peu éteintes, mais dotées d'une lumière interne. [...] Je ne pourrais pas sortir ces couleurs des tubes, ce qui m'intéresse c'est qu'elles deviennent ce qu'elles sont." Claire Tabouret, Inferno, été 2014
Si elle était une teinte de couleur, elle serait fluo: Avant de peindre sur ses grandes toiles blanches des groupes d'enfants à l'allure mélancolique; elle aime étaler une couche de couleur fluorescente afin de les irradier ensuite d'une lumière électrique qui suscite désir et attachement. 

"Ma lecture et mon passage au monde passe toujours par l'image papier." Claire Tabouret, Inferno, été 2014
Si elle était une méthode de travail elle serait le patchwork: Jonché sur le sol de son atelier des images de portraits, de photos imprimées et de magazines prennent place. Lorsqu'elle peint, elle entrelace toutes ces images, noyau de son imaginaire et donne naissance à un visage. 

Claire Tabouret, Makeup (Red Mouth ), 2016


Claire Tabouret, Le Petit Frère, 2013

Si elle était une partie du corps elle serait un visage: L'artiste peint et sculpte de nombreux visages aux émotions diverses et à l'allure authentique. Ses portraits sont constitués de plusieurs traits de couleurs témoignant d'un caractère ou d'un sentiment. Cet assemblage de couleurs donne force et vitalité aux visages tendres d'enfants, d'hommes et de femmes. Quant à ses sculptures de visages, elles représentent divers personnages aux histoires variées. Le visage trait de singularité d'une personne et vecteur des émotions spontanées ou d'une histoire passée sonne donc comme un véritable moyen d'expression pour l'artiste. Celle-ci fait également l'exercice d'autoportraits chaque matin suite à une résidence en Chine où elle lit "On dit que le corps humain se compose à quatre vingts pour cents d'eau, aussi n'est-il guère étonnant qu'un nouveau visage apparaisse chaque matin dans le miroir" autrice japonaise. Depuis cette lecture l'artiste s'observe et se peint tous les jours. Ainsi elle fixe sur le papier un fragment d'elle et se confronte à ses choix. 
"En arrivant dans une ville où on ne me connait pas, où on ne m'attend pas, je dois me mettre au travail" Claire Tabouret, La culture, 12/08/2017
Si elle était une ville, elle serait Los Angeles. En 2004, elle part là bas et quitte son petit atelier de Paris au moment où elle commence à se faire connaître en France. "Je suis tombé amoureuse de la ville". Ce sentiment devient moteur dans cet envolé ainsi que dans ces créations, qui en changeant de lieux évoluent et conquièrent un nouveau continent.  

Claire Tabouret, Les Veilleurs, 2014


Claire Tabouret, Les Forces Contraires, 2013

Si elle était un mot, elle serait REGARDS : Par son regard elle observe les groupes sociaux et les peints leur donne place et y entremêle symbolique, sensation et émotion. Elle leur donne une place et les offres aux regards des spectateurs. Un groupe de jeunes filles aristocrates sont promises à des hommes riches qui ne les rendront sûrement pas heureuse, un groupe d'enfants portant des bâtons fluorescents oranges entrant en écho avec les bâtons du KKK, les lances de La batailles de San Romano d'Uccello et les lasers de Star Wars prennent la pose. Dans sa série l'Ile, elle peint des migrants sur des bateaux qui voguent vers un paysage grisâtre. Mais la peinture est également un art du regard, Claire Tabouret offre au public son propre regard et ses œuvres en sont soumises à de nombreux . 

Claire Tabouret, Dessin faisant partie de la série Les Etreintes, 2017 

Si elle était un habit, elle serait un costume. Elle lie ce dernier à la peau, le toucher et l'ouïe qui s'éveillent à son contact. Le corps transpire et la sueur se disperse autant sur le tissus que sur la peau. Réunit avec le corps, l'habit devient une seconde peau. Le costume apparaît dans ces projets au sein de la revue Atomage dans laquelle John Stucliff révélait des femmes corsetées, masquées et harnachées de cuivre qui vivaient des vies aux rituels et obsessions obscures. A son tour elle rend hommage à ces femmes et à ces corps libres, secrets, et érotiques.

Claire Tabouret, Maison inondée 11, 2011

Si elle était un élément, elle serait de l'eau: Dans plusieurs de ses séries, elle peint et dessine des maisons inondées aux couleurs nocturnes et crépusculaires. Ensevelies dans l'eau, ses toiles évoquent les tragédies cataclysmiques qui ont secoué divers pays. L'eau est également présent dans sa technique de travail. Suite à une résidence en Chine elle découvre une manière de peindre sur du papier de riz avec de l'eau. Cette dernière est bue par le papier, le sujet s'échappe ainsi de l'artiste. 

Claire Tabouret, Back to the World, 2006 

Si elle était une action elle serait marcher: Son moyen de déplacement est principalement la marche et c'est également au travers de celle-ci qu'elle trouve l'inspiration. Mais la marche se retrouve aussi au sein de ses divers tableaux de nuit ou de jours, elle sonne comme un moment de solitude, de décision et de retour ou d'aller vers un ailleurs. A travers la marche, elle traverse de nombreux passages tout comme dans ses voyages et dans ses peintures entre le jour et la nuit, la vie et la mort, l'enfant et l'adulte, le visage et le masque. 

Si elle était un livre, elle serait Les vagues de Virginia Woolf. Dans ce roman l'écrivaine dépeint les sentiments et dénude d'une simple apparence ces personnages. Elle analyse et révèle en image leurs sensations, leurs émotions. Elle leur donne parole et ils témoignent de leur vie, de leur vision du monde et d'eux même au sein d'une société londonienne. Claire Tabouret de même dans ces portraits ou dans ces tableaux de groupes dévoile des sentiments, des humanités souvent voilés par la société. Son trait se prolonge au delà du corps qu'elle peint. Les détails de ce dernier et des vêtements qui le recouvrent dessine les traits intimes de ces hommes et femmes. 


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